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2012 - 2015
Commande publique photographique à vocation artistique et documentaire initiée par la Fondation Mons 2015 et la ville de Mons, dans le cadre de son accession au statut de Capitale Européenne de la culture. Curateur Marc Mawet
Siège de la Fondation Mons 2015
Architecte K2A Architecture
Intervention artistique Peter Downsbrough
Arsonic
Construction d'un auditorium de 300 places à jauge variable dans l'ancienne caserne des pompiers
Architectes association momentanée Holoffe - Vermeersch
Mundaneum
Création d'un centre d'archives et d'exposition
Architectes associés Coton - Lelion - Nottebaert
Intervention artistique Richard Venlet
Église Saint-Nicolas-en-Havré
Rénovations du clocher, de la façade des vitraux et de la toiture de l'église
Maîtrise d'ouvrage Monument
Intervention artistique vitrail Bernard Tirtiaux
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Septembre 2014: Le regard de Marc Mawet
Une photo de Maud Faivre sur le chantier de l’Eglise Saint-Nicolas.
Une commande publique est une commande institutionnelle. Au sens noble du terme, tel que nous l'avons définit dans la Charte de IN/OUT. Ce sens voit en l'institution le lieu de l'affirmation de la conscience que l'homme ne peut évoluer dans la société des hommes sans certaines aspirations, qui dépassent les strictes contingences, et sans espaces pour que ces aspirations s'accomplissent.
Cette image de Maud Faivre illustre à merveille l'ouverture d'une commande qui associe l'exigence de la relative neutralité du témoignage documentaire au développement d'un regard singulier, aux ressorts narratifs personnels.
Un angelot couvert d’un étui de fortune…
Le sujet peut sembler anodin, la prise de vue futile, au regard des efforts matériels consentis à la restauration de l'Eglise de Saint-Nicolas en Havré. Surtout si l'on se confine à penser que la mission photographique se limite à rendre compte des évolutions des chantiers en cours.
Pourtant, par ce clin d'oeil léger qu'elle s'octroie, par cette image énigmatique qu'elle nous propose, la photographe nous invite à donner sens à ce qui nous pousse dans un premier temps à simplement sourire.
Ne sous-estimons pas le geste: en cadrant un ange en bois sculpté de cette église, Maud Faivre évoque la richesse d'ornements liturgiques qui fait la renommée de cet édifice et témoigne de son écriture baroque. Une allusion donc, précise et circonstanciée. Nous ne sommes pas hors sujet.
Mais au-delà....
Dans ces conditions de chantier (il ne s’agit pas ici d’une installation artistique), l'ange est protégé alors que son support ouvragé tout aussi précieux reste sans défense face aux éventuelles dégradations. C'est un peu comme si seule la dimension spirituelle devait être préservée des actions matérielles. A moins qu'il ne s'agisse de la stricte application des normes en matière de coordination sécurité santé, application à laquelle même un membre de la cour céleste ne pourrait déroger? Ou de la manifestation fortuite d’un trait d’esprit spirituel où le comble du « ciel » serait de craindre qu’il ne tombe sur sa propre tête, à un tel point qu’il ne dusse se protéger de sa défaillante omnipotence? Plus sérieusement, cette attention scrupuleuse portée envers cet ange est-elle l’expression de la profonde dévotion d’un vicaire zélé ou le geste taquin d’un ouvrier malicieux ?
Les questions foisonnent autour d’une image qui tire sa force dans l’équilibre de la gravité spirituelle et de la légèreté de l’humour, un peu comme pour témoigner de cette « insoutenable légèreté de l’être » qui propulsa Kundera au faîte de sa gloire.
Certaines institutions nourrissent des mystères et tentent de les rendre parfois impénétrables. Par la licence de ce regard habité, Maud Faivre prouve avec malice qu’une image énigmatique puise sa force en faisant passer la responsabilité de son sens de l’œuvre à la conscience du spectateur. Il ne serait dès lors plus considéré comme futile de « discuter du sexe des anges » puisque ce débat permet à chacun de s’exercer à ses aspirations les plus profondes.